L’histoire du lac d’Annecy

Le lac est apparu il y a environ trente mille ans vers la fin de la 4e  période glaciaire, dite glaciation de Würm, pendant longtemps le niveau du lac était plus bas de 5 à 7 mètres. Une sorte de trottoir, surnommé « la baleine », fait le tour du lac sauf sous le roc de Chère qui plonge directement à 40 mètres sous le niveau de l’eau.

Le lac d’Annecy possède plusieurs exemples de cités lacustres, villages préhistoriques du Néolithique et de l’âge du Bronze final, implantés tout autour du lac (à Annecy-le-Vieux, Annecy, Sevrier, Saint-Jorioz, Talloires, etc.). Le niveau du lac était plus bas à l’époque et les pilotis que l’on a retrouvés, notamment non loin de l’île aux Cygnes, étaient des pieux enfoncés dans le sol servant d’armature verticale aux cabanes. Cette hypothèse a été confirmée par une datation très précise à 3 783 av. J.C. attestant d’une occupation des marais de Saint-Jorioz avec un niveau inférieur de trois mètres et par la découverte à Sevrier d’un four de potier encore en place au fond du lac.

Ces vestiges montrent que des populations occupaient déjà le bord du lac depuis le début du néolithique. Une salle entière du Musée-Château d’Annecy est consacrée. à ces populations. Dès -5600 des chasseurs-cueilleurs sont présents, puis entre -4300 et -900 av. J.-C., ils ont été rejoints par des cultivateurs, des pêcheurs, des artisans bronziers et des potiers. En -1800 (âge du bronze), le lac a encore un niveau inférieur de 2,50 m à celui d’aujourd’hui; c’est l’époque où commence une occupation intensive de ses berges. En -1200, suite à une longue période de sécheresse, le niveau du lac est inférieur de 4 mètres à celui actuel, ce qui fait apparaître l’île de Chatillon (170 m de long sur 70 m de large, aujourd’hui sous l’eau. Les pêcheurs qui l’occupaient nous ont laissé une pirogue taillée dans un tronc de chêne datant de -900 av. J.-C. Cinquante ans plus tard en -850, c’est le début de l’âge du fer, une période où le climat devient plus froid et plus humide partout en Europe et lors de laquelle les villages lacustres sont abandonnés. Le niveau du lac d’Annecy se retrouve à un mètre au-dessus du niveau actuel, il s’étend alors sur une grande partie de la plaine des fins jusqu’aux premiers coteaux.

Les tribus gauloises Allobroges occupèrent très tôt les préalpes des pays de Savoie, les rives du lac d’Annecy et les terres environnantes, certainement dès le début du IVe siècle av. J.-C. et peut-être même avant. Après leur victoire, les Romains s’installent à partir de la fin du Ier s. av. J-C sur la rive nord du lac d’Annecy, dans la plaine des Fins, et fondent le Vicus de Boutae ou Bautas (la « cité des bœufs », future Annecy).

Lors de l’hiver 1573, alors que le lac est entièrement gelé, un riverain mesure entre le hameau de l’Étraz et le rive d’en face une largeur de 2 431 aunes.

En 1640, les eaux envahissent les bords immédiats du lac et les capucins organisent une procession pour implorer la clémence divine.

En 1655, la ville est envahie par les eaux qui submergent le puits Saint-Jean.

Lors du printemps 1711, petite époque glaciaire, le niveau du lac monte de 3,10 mètres au-dessus du niveau actuel, causant des inondations catastrophiques et d’énormes dégâts. Une partie des remparts s’effondre : « le lac a tellement enflé qu’il inonda les plaines voisines ».

En 1780, Horace Bénédict de Saussure est mandaté pour mesurer la profondeur du lac. Il effectue 47 sondages et trouve 180 pieds au Boubio soit 62 mètres.

En 1840 :

* Les inondations sont très importantes et la ville n’est accessible que par bateau.
* Début de l’activité du Chérubin (puissance 10 cv, 100 passagers), bateau acheté d’occasion à Lyon après une longue carrière sur le Rhône. Vieux bateau-vapeur en bois, il navigua de juillet 1840 à août 1844, pour un service de voyages. Il remorquait des barques à voile, embarquait une centaine de passagers et enfumait les rivages.

En 1843, après une importante réparation le Chérubin rebaptisé Le Dauphin reprend du service.

En septembre 1844, le Dauphin, qui n’avait pas de quille et une coque pourrie, finit par craquer sous le poids des ans.

En 1860 :

* Un article de la Revue Savoisienne estime la profondeur moyenne à 40 mètres, et le volume d’eau contenu dans le lac à 1 120 millions de m³. Il est alors estimé qu’il pourrait être entièrement comblé dans cent mille ans.
* En septembre, le lac reçoit la visite de Napoléon III et le couple impérial est ébloui par la beauté du lac.

En juin 1861, début de l’activité du bateau à vapeur Couronne de Savoie, (32m x 3,90 m, 30 tonnes, 24 cv, 400 passagers), offert à la ville d’Annecy, par Napoléon III. Sa propriété et sa gestion étaient municipales et sept débarcadères furent construits au frais de l’État par les Ponts et Chaussées pour l’accueillir dignement, à Veyrier, Menthon, Talloires, Doussard, Duingt, Saint-Jorioz et Sevrier. À Annecy, le chenal du petit port est ouvert.

En 1862, les travaux de Sadi Carnot permettent de rehausser le niveau du lac d’un mètre (côte 446,90 m).

En novembre 1863, le préfet publie le premier règlement de police, codifiant la navigation des bateaux de croisières et de transport de marchandises sur le lac.

En 1864,
 une révision du règlement de police est publiée.

Au printemps 1873, la Compagnie de navigation du lac d’Annecy est fondée par une poignée d’entrepreneurs locaux.

En mai 1874,
 début de l’activité du bateau à hélices à coque en fer L’Allobroge (26 m x 4 m, 15 tonnes, 24 cv, 150 passagers). Il livra une farouche concurrence au Couronne de Savoie municipal : guerre de prix et des horaires et même bagarres entre équipages.

Le 4 décembre 1876,
 l’altitude du lac est officiellement fixée à 447,07 mètres après une série de 252 observations dont la moyenne donnait 448,02 mètres.

Lors de l’hiver 1880, le lac connaît son avant-dernière glaciation importante.

En mai 1886, la Compagnie des bateaux à vapeur sur le lac d’Annecy est fondée avec un capital de 120 000 francs et remplace la CNLA dissoute. La nouvelle compagnie récupère l’Allobroge, rachète le Couronne de Savoie pour 65 000 francs.

En juillet 1887, début de l’activité du bateau à aubes Le Mont-Blanc (40,2 m x 9,20 m, 32 tonnes, 120 cv, 350 passagers).

Lors de l’hiver 1891, le lac connaît sa dernière glaciation importante. Il est complètement gelé du 31 décembre au 13 mars.

En 1898 :

* Une mesure de la surface trouve 2 800 hectares, alors qu’après la Première Guerre mondiale, une nouvelle mesure trouve 2 759 hectares pour la surface et 65 mètres pour la profondeur maximale.
* En décembre, à cause du brouillard, il s’ensabla près du port de Sevrier.

En juillet 1900, L’Allobroge fut coulé à quai par des gamins qui avaient ouvert un robinet de vidange. Il est renfloué après beaucoup d’efforts.

En 1902, dans le Dictionnaire géographique et administratif de la France, il est donné les chiffres suivants : altitude 446,52 mètres, surface 2 704 hectares, volume 1 123 5 millions m³, profondeur maximale 64,70 mètres avec un abîme de 80,60 mètres au Boubioz, longueur 15 km, moindre largeur 800 m entre Duingt et Talloires, plus grande largeur 3 350 mètres au niveau de Sevrier, périple 36 km, épaisseur des boues du fond du lac 50 à 55 mètres.

En septembre 1906, la sécheresse fait reculer le lac de 150 m avenue d’Albigny.

En 1908 :

* La commune de Doussard mène une bataille pour que son débarcadère porte le nom de « Bout du Lac » en remplacement de « Lathuile », estimé trop préjudiciable à l’image de la commune.
* En décembre, l’eau de la source du Boubioz est en partie captée.

En mai 1909, début de l’activité du bateau à aubes France (47,23 m x 12 m, 40 tonnes, 350 cv, 700/800 passagers grâce à son triple pont, 23 km/h, coût 250 000 francs).

En 1918, les eaux submergent l’avenue d’Albigny.

En 1944, les eaux submergent l’avenue d’Albigny, il s’agit de la plus importante inondation depuis 200 ans : « La préfecture est changée en île et la foire baigne dans l’eau ».

En septembre 1947, 
la sécheresse fait reculer le lac de plus de 150 m avenue d’Albigny. Cette année-là fut « une année de disette sans moissons ni vendanges ».

Lors de l’hiver 1963,
 le canal du Vassé gèle ainsi que la baie de Talloires et la presqu’île de Duingt.

Un jour de l’hiver 1971,
 le vieux France coule mystérieusement. Son épave qui repose au fond du lac attire depuis les plongeurs passionnés.

En mai 1984, 
début de l’activité du Libellule, grand catamaran de croisières (60 m x 12 m, 2×210 cv, 595 passagers). Il s’agit du plus important bateau mis en service sur le lac d’Annecy. Il a été réalisé en près d’un an par des entreprises locales. L’inauguration a eu lieu le 28 mai 1984 avec comme parrain l’acteur Jean-Claude Brialy et la comédienne Marie-José Nat. Le réalisateur Claude Chabrol était aussi présent.

En juillet 1996,
 un important tremblement de terre agite la masse d’eau et en décembre de la même année, un glissement de terrain subaquatique se produit à la Puya.

En août 2003,
 une tempête particulièrement forte, coule plusieurs embarcations.

En mai 2010 est inauguré le « théâtre d’eau » de l’île aux Cygnes, une animation très appréciée par les touristes qui renoue avec l’animation dites des « fontaines lumineuses » qui avait fonctionné de 1860 à 1980. Cette scène est composée de deux pyramides flottantes d’où jaillissent des jets lumineux de dix mètres de haut.

Source : Wikipédia